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Interview avec André Condouant pour l'émission 'L'invité'
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Télévision en streaming sur le site officiel:
www.acitv.fr |
Le
Happy Funk d'André Condouant
Denis Constant, Jazz Magazine #307 (May 1982)
"D'aussi loin que je puisse me souvenir, une seule chose a compté pour moi: la musique. Quand j'étais jeune, c'était la musique Antillaise, la biguine: je vivais dedans, je savais ce que c'était... Avec le jazz, ç´a été un peu different. A coté de chez nous, à Pointe-à-Pitre, il y avait un voisin qui possédait une radio. C´est comme ça que j'ai pu entendre Perez Prado, des orchestres Puertoricains, Cubains...
Du rythme avant tout et des accords simples. Moi, ce qui m´intéressait, c´était le truc américains. Le soir, nous écoutions la Voix de l´Amérique: Paul Whiteman, Louis Armstrong,
Benny Goodman, Tommy Dorsey... J´avais quatorze ou quinze ans
et j'étais fasciné par l'Anglais comme le parlent les
Américaines, j'allais voir les westerns en version originale:
c´est ainsi que j´ai appris l'Anglais.
Maracas
Un soir, je suis allé jouer des maracas dans un orchestre. Puis
j´ai joué de la batterie pendant quelque temps... Non loin
de l´endroit où j´abitais, il y avait de la guitare
classique. Ça m´a donné une folle envie d´avoir
une guitare.Quand il a su ça, le vieux Gabriel a commencé
à montrer des doigtés, des accords. J´ai alors acheté
ma première guitare, d´occasion. Je jouais aussi un peu
de basse - ce qu´il faut faire dans un orchestre antillais n´est
pas très compliqué - et j´ai remplacé le bassiste dans l´orchestre EL CALDERON JAZZ. Ça n´avait rien à voir avec le jazz ! Là-bas, ils croyaient que le
jazz c´est la batterie elle-même: le chef d´orchestre
achête la basse et la batterie, le batteur vient seulement avec
ses mains, et on écrit le nom de l´orchestre sur la grosse
caisse... El Calderon était un des meilleurs orchestres de Guadeloupe,
c´etait le seul aux Antilles dont les musiciens savaient lire
la musique. Puis j´ai rencontre un type qui jouait du violon;
il avait un frère, un ancien lieutenant, qui avait fait des études
musicales, en France sans doute, et qui jouait du violon et de la guitare.
Comme il était paralysé des deux jambes, il ne pouvait
pas se déplacer; son frère m'a dit d'aller le voir: je
lui tenais compagnie et il me donnait des leçons d´harmonie.
Il m´a practiquement tout appris.
La Cigale
En 1957, j´ai rencontré ROBERT MAVOUNZY,un authentique
génie musical, mais qui n´a jamais su exploiter son talent).
Il était revenu aux Antilles et cherchait quel-qu´un pour
l´accompagner. J´ai joué avec lui. C´est lui
qui m´a dit: ”Tu ne devrais pas rester ici, il faut que
tu montes à Paris.” Une fois en France, j'ai eu la chance
de pouvoir travailler à 'La Cigale' avec AL LIRVAT, je jouais
encore de la basse. Mais c'était trop lourd, encombrant, et puis
il fallait rester toute la nuit debout... Je voulais jouer de la guitare,
mais à Paris ça n'était pas facile. J'ai eu un
contrat pour aller à Stockholm avec GÉRARD LAVIGNY, toujours
comme bassiste. Là-bas, je suis allé faire le bœuf
dans des clubs de jazz, et j'ai été bien accueilli. Parti
pour un mois, j'y suis resté deux ans et demi ... J'ai fait la
connaissance d'IDREES SULIEMAN et de LEO WRIGHT. J'habitais chez Sulieman,
on travaillait ensemble. Leo Wright a eu un engagement au 'Golden Circle',
puis il m'a proposé de l'accompagner à Prague. Et j'ai
participé au premier festival de jazz de Prague. Ensuite, nous
sommes allés à Berlin. Là, j'ai pu entrer dans
le clan américain où le jazz est une véritable
religion; ils m'ont initié en quelque sorte... Il y avait des
gars comme ERNIE SHEPPARD, CARMELL JONES, JIMMY WOODE et JOE HARRIS,
et beaucoup de G.I.'s - c'était comme si j'avais été
aux Etat-Unis. Mais je me suis aperçu qu'il y avait trop de
guitaristes. Je suis revenu en France en me disant que si ça
ne marchait pas, je rentrerais chez moi ou je partirais pour les Etat-Unis.
Depuis, j'ai fait des concerts, avec SLIDE HAMPTON, JOHN LEE HOOKER,
ROOSEVELT SYKES, à la basse électrique. J'ai joué
un peu les bouche-trou, pour survivre, mais ça n'a rien à
voir avec la musique que je veux faire. Peu après, Henri Debs
m'a demandé d'enregistrer pour sa compagnie. J'ai réclamé
PERCY HEATH et CONNIE KAY, qui étaient à Paris à
ce moment-là. Et ce fut mon premier album 'Brother Meeting'.
C'est juste après ce disque que je suis retourné aux Antilles.
Là, j'ai rencontré MARIUS CULTIER, avec qui je suis allé
à Montréal pour un an. De retour en Guadeloupe, j'ai travaillé
dans des hôtels, j'ai joué avec des musiciens américains
qui faisaient des tournées au Club Méditerranée.
Pendant mon séjour aux Antilles, j'ai vu défiler pas mal
de musiciens que Bernard Pollack faisait venir de New York. Ce 'retour
aux sorces', loin de m'isoler de la scène du jazz, m'a permis
d'aller plus avant dans la recherche d'une autre forme de jeu et de
développer ma technique. Mon dernier album 'Happy Funk' sur la
marque Debs International, pourrait très bien situer le sens
de cette recherche.
Wes et George
Pour moi, tous les guitaristes se valent, à quelques exceptions
près. Il y a ceux qui jouent (Montgomery, Burrell, Green, Abercrombie,
McLaughlin...) et les autres. Montgomery, pour moi, c'est le musiciens
par excellence. Je ne peux pas expliquer porquoi, les mots n'y suffiraient
pas. Quand je l'ai entendu pour la première fois, en 1957, je
me suis demandé: 'Qu'est-ce que c'est que ça ?' Il jouait
'Yesterdays' et je ne comprenais rien à son solo, sa sonorité
était mate, étouffée, et ça m'étonnait
beaucoup. A cette époque, je jouais surtout de la basse, je commençais
à travailler la guitare mais j'écoutais beaucoup de souffleurs:
Parker, bien sur, et aussi Don Byas, Lester Young... A partir du moment
où j'ai découvert Wes, il m'a marqué, profondément;
j'aime aussi Burrell, pour son phrasé, sa sonorité...
je respecte Joe Pass, c'est une montagne de technique et d´idées.
Enfait, tous les guitaristes ont leur personnalité et sont intéressants.
Tal Farlow, que Maurice Meunier m´a fait découvrir, j'en
ai été entiché au point d'apprendre tous ses solos
par cœur. Et Barney Kessel ? C'est le premier guitariste de jazz
que j'ai entendu aux Antilles... J'oubliais un monstre: George Benson!
Ayler
J'aime bien écouter du free. J'ai même donné un
concert avec ALAN SHORTER - je dois dire que j'ai été
un peu déconcerté. Alan ne má pas donné
de musique, seul Joseph Jarman et lui avaient des partitions. Quand
ils ont commencé de jouer, j'ai été obligé
de trouver tout seul ce que je devais faire. J´ai essayé
de les suivre, j´ai fait n´importe quoi sur mon instrument
et ça a marché: il y a des spectateurs qui sont venus
me dire qu´ils aimeaient beaucoup ce que j'avais fait ! En fait,
cette musique m´intéresse dans la mesure où je sens
que quelque chose se passe du point de vue de la communication; il y
a quelque chose dans cette musique qui est vrai; le chaos peut être
fascinant, mais je ne veux pas jouer ainsi parce que ça ne convient
pas à ma personnalité. En revanche, j'aime beaucoup Shepp.
Quand à Ayler, je l'avais rencontré à Stockholm
et nous étions très copains. A cette époque, il
n'avait pas d'argent et commençait presque à douter de
sa musique.
Je n'aimais guère ce qu´il faisait; il avait une façon assez
particulière de jouer 'Petite Fleurs' ou 'How High The Moon'
- il voulait faire vibrer son instrument et que les gensle comprennent;
à l´écouter aujourd´hui, je me rends compte
qu´il avais raison. Dans un autre ordre d´idées,
Carmell Jones et Leo Wright faisaient du free de temps en temps, mais
ils en rigolaient... Pour moi, c'est un peu comme ça: avec le
free, je ne pourrais pas me prendre au sérieux, or je suis très
sérieux avec la musique.
Heritage
Pour moi, la musique antillaise est la biguine, c'est une musique dérivée
du Gros-ka, qui nous vienz de l'héritage africain. Elle est délaissée
par les jeunes, et c'est dû, je crois, à l´invasion
de la musique haitienne en Guadeloupe. Mais beaucoup de jeunes musiciens
antillais font un retour dans le folklore à la recherche de leur
identité. J'ai un rêve à réaliser: c'est
d´enregistrer un disque de biguine à ma façon. En
ci qui me concerne, en France il n'y a pas tellement de débouchés.
Mais je veux lutter, arriver à faire quelque chose mème
si ça ne doit pas me rapporter beaucoup d'argent. La musique
que je veux faire sera gaie; elle dot swinguer, rendre les gens heureux,
les faire taper du pied, frapper dans leurs mains. J´aime la musique
où il y a une certaine cohésion rythmique."
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Hudba Pro Radost
[Joy Of Music or perhaps, Music Of Joy],
Jazz magazine (Prague/Czechoslovakia 1965)
Octavo (5 1/2" x 8"), softcover, 24 pages.
Prague's answer to DownBeat - chock full of Jazz articles and
b & w photos along with lists of who's playing where and
when.
This issue features Leo Wright on the cover, an article about his Quintet´s appearance at
the first Jazz Festival in Prague in 1964, and there´s
photos of Kenny Drew, Baby Douglas, Candy Green, André
Condouant, Benny
Bailey, Roland Haynes, Fred Braceful and others.
<< click images to enlarge
the article is in Czech ! |
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clockwise
from top: Kenny Drew (p), Donald "Baby" Douglas, Leo
Wright, André Condouant, "Dr. Blues" Candy Green. |
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clockwise from top: Roland Haynes (b), Benny Bailey,
Fred Braceful, The Albert Mangelsdorff Quintet. |
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Jam session at Prague´s Lucerna Hall in 1964, from left: Jan Konopásek,
Leo Wright, Rolf Kühn, André Condouant,
Laco Tropp, Laco Déci, Jan Hammer, Jan Arnet. for a bigger version see >> gallery 1 |
André Condouant:
Le Voyager Du Jazz
Al Levitt a recueilli les souvenirs étonnants d´un guitariste pas comme les autres
Guitare Magazine (Paris) 3/82
– De quand date ton désir de jouer de la musique?
– De près de trente ans. J'ai d'abord voulu jouer de
la trompette, mais je n'avais pas assez d'argent pour m'en acheter une.
Juste en face de chez moi, vivait un menuisier qui jouait de la guitare.
J'allais tous les jours m'asseoir à côté de lui pour
l´écouter. Un jour il m´a demandé si j´avais
envie de jouer et m´a montré un accord de mi majeur, l'accord
le plus facile sur la guitare. Ensuite, il m´a appris mi mineur,
la majour, et la revenais tous les jours pour jouer ces quelques accords,
jusqu'au moment où je lui ai demandé de m'enseigner autre
chose; alors, il m'a montré le do majeur; j'ai appris ces accords
au point de me blesser les doigts. Telle est l´histoire de me débuts
de guitariste.
– A cette époque-là, connaissais-tu le jazz?
– Oh non. La radio en diffusait beaucoup et je trouvais que
ça sonnait bien, mais l'essentiel des programmes était
réservé à la salsa et à la musique de mon
pays, la biguine; pourtant le jazz m´intéressait plus,
à cause des solistes. Il y avait quelque types, de retour au
pays, qui jouaint des solos sur trois accords sur la biguine. L'un s'appelait
Emilian Antille, il y en avait un autre, qui était flic à
ce moment-là, et jouait comme Charlie Parker. J'avais l´impression
qu´ils jouaient le même jazz qu´à la radio.
Je ne comprenais rien à ce qu´ils jouaint, ça me
plaisait, c´est tout.
J'avais près de quatorze ans et j´allais encore à
l´école. Ma famille ne pouvait pas me payer une guitare,
aussi m´était-je mis également à la batterie.
J'avais des baguettes, des boîtes de conserve et autres instruments
du même genre et, avec mes amis, nous essayions de produire de
la musique. J'assistais souvent aux répétitions des orchestres
et je passais mes nuits à les écouter en secouant mes
maracas. Je n´avais toujours pas d´instrument aussi ai-je
commencé à jouer des maracas dans un orchestre qui me
payait trois francs la nuit. Une nuit qui durait de neuf heures du soir
à cinq heures du matin. Ma famille m'a dit que je n'allais pas
faire vieux os à ce régime, à cause de l´école.
Je fus vite connu de tous les musiciens qui m'appelaient 'le petit Américain',
parce que je dansais tout le temps. J'avais seize ans, j´étais
fou, et dans mon pays ce surnom m´est resté. Je suis forcé
de demander qu´on ne m´appelle pas comme ça, de dire
que mon prenom est André. La plupart des orchestres jouaient
de la musique Guadeloupéenne mais il y en avait un, EL CALDERONE
JAZZ (je n´oublierai jamais ce nom qui était écrit
en grosses lettres sur le tom basse) qui jouait beaucoup d'arrangements
de Count Basie et de Duke Ellington et je dansais, tout seul, sur leur
musique. En 1952, tous les musiciens de l´orchestre prirent le
bateau pour la France, le groupe dut se dissoudre et je me retrouvai
tout seul. Les partants finirent par être remplacés, mais
ce n´était plus parail, les meilleurs étaient partis
(Emilian Antille, dont j'ai déjà parlé, un guitariste
du nom de Balsamo, le batteur Guy Dutee). Je me retrouvais bientôt
bassiste de l'orchestre.
Je ne savais pas jouer de la basse mais ils m'avaient pris parce que
je les avais tellement écoutés que je connaissais la partie
de chaque instrument. Je n'avais aucune notion de théorie musicale
mais je connaissais toutes les notes qu´ils jouaient, et je copiais
tout ce que j'avais entendu jouer par le précédent bassiste.
Je fus engagé et ils me donnèrent un peu d'argent. J´avais
quitté l´école après avoir échoué
aux examens. On m´a dit que c´était la meilleure
chose à faire parce que j´étais musiciens et que
je ne ferais jamais rien de bon à école. J'ai donc travaillé
comme musicien, fait quelques économies, acheté une guitare
et commencé à pratiquer l´instrument.
– Quels guitaristes écoutais-tu alors?
– Je n'avais pas vraiment la possibilité d'en écouter,
à une seule exception près, Django Reinhardt. Ma famille
n'avait pas de pick-up et je devais aller chez des voisins qui avaient
surtout des disques de Louis Armstrong, de Paul Whiteman, de Perez Prado,
de Woody Herman et d´autres orchestres célèbres
à l´époque. C´était les années
1940. Au bout de quelques années, moi aussi j'ai pris le bateau,
en passager clandestin. C'est qu´il n'y avait plus rien à
faire au pays, tous les bons musiciens étaient partis.
Mon bateau était italien. C'est une drôle d'histoire car
je n'avais pas prémédité mon départ. J´étais
monté à bord pour saluer des amis musiciens qui, eux,
partaient. Je me suis retrouvé en mer, sans m´en être
rendu compte. Mes amis me conseillèrent de rester: "Si tu te
montres, tu es bon pour la prison". Je restais donc avec eux, sans aucun
bagage, pas même des vêtements de rechange. Je les avais
rencontrés alors que j'allais à l´école et
ils m'avaient demandé de les accompagner jusqu'au bateau. Nous
avions mangé et visité leurs cabines, si bien que je n'avais
pas entendu la sirène annonçant le départ. Voilà
que le port était loin, j'aurais voulu quitter le bateau mais
il m´expliquèrent que c´était trop tard, que
si je faisais stopper le bateau, je me retrouverais en prison. Enfin,
une dizaine de jours plus tard, deux jours avant l'arrivé en
France, je fus découvert. Je m´étais caché,
mais le commissaire de bord m´avait trouvé. Mes amis vinrent
à mon secours et expliquèrent mon cas. C´était
un charment vieil homme, et j'ai fini la traversée à la
cuisine, à faire la plonge. Tous mes amis débarquèrent
à Cannes et moi je me retrouvais seul à bord, pleurant
comme un bébé. Le bateau a fait escale à Génes
et à Naples avant de revenir à la Guadeloupe. Le voyage
avait duré trois mois. Quand j'arrivé à la maison,
ma famille fut très étonné; tout le monde fut très
gentil. J'avais eu beaucoup de chance et je n'avais même plus
la prison en perspective.
– De quand date ta véritable arrivée en France?
– De mai 1957. J'y suis allé parce qu'un certain ROBERT MAVOUNZY
m'avait dit, en 1955, que si j'allais en France je pourrais y travailler
dans son orchestre. Il était de passage chez lui, en Guadeloupe,
et s´était enquis de musiciens pouvant jouer avec lui. J'avais
été recommandé et j'avais fait une tournée
avec lui en Indonésie. Il m'avait dit que je perdais mon temps
et que je ferais mieux d'aller en France. Il me donna son adresse et me
dit de lui écrire avant de venir, qu´il viendrait me chercher
à la gare, que je pourrais vivre chez lui et jouer dans son orchestre.
Je lui envoyais un télégramme mais, à mon arrivée,
il n'y avait personne à la gare. C´était neuf heures
du matin, je m'en souviendrai toujours. J'ai pris un taxi jusqu´à
chez lui. J'ai frappé à la porte et une dame m'a ouvert.
J'avais ma valise et j'ai demandé M. Mavounzy. Elle m'a répondu
que Robert dormait encore et m'a demandé qui j´étais
et ce que je voulais. Je me présentai et lui expliquai que Robert
m´avait demandé de venir à Paris pour jouer dans son
orchestre. Elle m'e répondit: "Quoi? Travailler avec lui? Où?
Aves quel orchestre?" Elle alla dans la chambre le réveiller. Il
s'exclama en me voyant: "Oh, c'est toi, assieds-toi donc." Il s'habilla
et me dit: "Allons chercher un hôtel." Il me restait 250 Francs
en poche. On m'a dit, plus tard, qu'il n´était pas sérieux.
Seulement j´étais à Paris et je ne connaissais personne.
Nous avons pris un petit déjauner, il m'a dit de laisser ma valise
et de le suivre. Nous sommes allés au Bar Parisien, place Pigalle,
et il a téléphoné à une de ses petites amies.
Dix minutes arès, elle était là. Sur sa demande,
elle me trouva une chambre d´hôtel, à 5 Francs par
jour, place des Abbesses. Là, nous nous sommes quittés et
je ne l´ai jamais revu. La première nuit, j'allai à
Pigalle oû je rencontrai tous les musiciens Antillais de Paris.
Ils étaient tous fort bien habillés, cravate et tout le
tralala. Je me présentai, certains me connaissaient, les autres
avaient entendu parler de moi. Je tombai sur Emilian et quelques-uns de
ceux qui avaient quitté la Guadeloupe en même temps. Ils
s'´exclamèrent: 'Eh, mec, qu'est-ce que tu fois ici ?' Ils
dirent aux autres: 'C'est le gars dont on vous a parlé, le petit
Américain, c'est lui.' Je fus immédiatement adopté.
Je rencontrai ALBERT LIRVAT, le tromboniste, qui me demanda pourquoi,
je n´irais pas à 'La Cigale' ce soir-là; je me renseignai
sur l'adresse et j'y allai. Au bout d'une quinzaine de jours, je n'avais
practiquement plus un centime. Le bassiste de La Cigale, Luke Davis, était
également chanteur, il avait d'autres perspectives en vue et cherchait
un remplaçant. Albert me demanda si je pouvais essayer mais que
je ne connaissais pas le répertoire. Il me dit qu´il pouvait
me le donner et j'avouais ne pas savoir lire la musique. Il me dit de
venir chez lui pour qu´il m'apprenne. C'est ce que j'ai fait et,
quinze jours après mon arrivée à Paris, je travaillais
à La Cigale. Quand ils m'ont entendu jouer de la basse, ils m'ont
dit que c´était incroyable, que je ne connaissais rien à
la musique mais que ça sonnait bien. Chez moi, nous jouions de
la basse avec des protections en cuir aux deux doigts qui tiraient les
cordes, ici j'avais constaté que le bassiste n'en utilisait pas.
La première nuit, après le premier set, tous mes doigts
étaient gonflés. Je montrai ma main au chef d'orchestre
qui me dit qu´il en était désolé mais qu´il
fallait que je joue jusqu'au bout. Je l´ai fait ! Le bassiste régulier
devait revenir un mois plus tard mais il avait trouvé une autre
affaire, aussi me demanda-t-on de rester. Au bout de deux ou trois mois,
on a commencé à parler de moi, à dire que le bassiste
de La Cigale savait vraiment bien jouer.
Il y avait un pianiste, BART TAYLOR, qui travaillait au 'Crazy Horse'
comme chef d'orchestre. Un jour qu´il cherchait un bassiste, il
se rendit à La Cigale, m´écouta et m´offrit
immédiatement de signer un contrat pour jouer dans son trio. Je
dis à mon chef d'orchestre que j'avais l'occasion de jouer avec
un pianiste Américain qui pouvait m'apprendre beaucoup. Albert,
qui, était un chic type, me donna quinze jours pour trouver un
remplaçant. Je ne jouais toujours pas de guitare, mais j'apprenais
beaucoup sur le plan du jazz. Je déménageai. J'avais alors
un tourne-disques et j´écoutais de la musique à longueur
de journée. Dès mon lever, je mettais un disque, de BENNY
GOLSON par exemple. Je commençais à en avoir marre de jouer
de la basse et je voulais jouer de la guitare. Je ne pouvais pas m´exprimer
sur une basse car je n'avais pas vraiment étudié l´instrument,
il me manquait les bases et je ne jouais que d'oreille ce que j'avais
entendu sur des disques. Je me rendais compte qu´il me faudrait
beaucoup de travail et que je ne désirais pas vraiment jouer de
cet instrument. Le transport en taxi posait de gros problèmes.
Travaillent au Crazy Horse Saloon, je fis des économies et m'achetai
une guitare. Je travailleais la guitare toute la journée dans ma
chambre, j'apprenais des morceaux, tout cela pendant deux ans. A La Cigale,
j'avais appris beaucoup de standards du jazz et je connaissais les changements
d'accord d'oreille. J'avais entendu d'autres bassistes jouer, dans le
registre aigu, des choses que je ne pouvais pas faire, par manque de technique.
Le plus souvent, je jouais de bonnes lignes de basse, mais j´étais
limité.
Il y avait des musiciens, comme ALDO ROMANO et JEAN-FRANÇOIS JENNY-CLARKE,
qui venaient m´écouter et j'allais souvent m'asseoir au 'Chat
Qui Pêche'. Jean-François m´a dit que c'est parce qu´il
m'avait entendu jouer de la basse qu´il avait voulu devenir bassiste.
On me connaissait en tant que bassiste et non en tant que guitariste.
Je n'avais pas la moindre technique du solo, mais je swinguais. Un soir,
au Crazy Horse, ERROLL GARNER demanda à faire le boeuf. Lorsqu´il
joua, je tirai si fort sur les cordes que je cassai ma basse: le chevalet
avait sauté. Par la suite, je sortais avec ma guitare et mon ampli
pour faire le boeuf. Un soir, j'allai au 'Club Saint-Germain' avec EMILIEN
ANTILE, l'altiste, qui est mort depuis. Il jouait comme Charlie Parker,
la vélocité et tout le reste. Il copiait Parker, si vous
lui demandiez de jouer de blues, il le jouait exactement à la manière
de Bird. DANIEL HUMAIR jouait alors avec MARTIAL SOLAL et je lui demandai
de jouer avec eux. Ils s´interrogèrent pour savoir s´ils
me connaissaient; comme ce n´était pas le cas, ils pensèrent
que j´étais Américain, quoique parlent français.
Je jouais donc deux morceaux avec eux. Ensuite, Daniel me demanda d'où
je venais et si j'avais du travail. Ma manière de jouer l'avait
beaucoup interessé et c'est à ce moment que j'ai commencé
à être connu comme guitariste. JIMMY GOURLEY et RENÉ
THOMAS jouaient au 'Blue Note' et, chaque nuit, après mon set,
j'allais les écouter et je regardais leurs doigtés. Ils
m´impressionnaient vraiment, c'était, à l´époque,
les meilleures guitaristes de la ville. Au bout de quelques années,
vers 1962, d'aller ailleurs.
GÉRARD LAVIGNY avait un contrat d'un mois à Stockholm
et me proposa d´y aller: j'accaptai. La première chose
que je demandai en arrivant là-bas, ce fut l´adresse du
'Golden Circle', le club de jazz, où se retrouvaient tous les
musiciens. Après mon gig, j'y allai - il y avait là GEORGE
BENSON qui faisait partie du trio de l´organiste JACK McDUFF,
le batteur, étant JOE DUKES. Il y avait de quoi tomber sur le
cul, ça swinguait !
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avec Leo Wright |
George Benson jouait sur une toute petite guitare avec une technique incroyable. J'avais écouté
GOURLEY, THOMAS, PIERRE CULLAZ et tous les guitaristes parisiens; comparés
à Benson, ils n'avaient pas à y croire, il jouait tellement
vite et, pourtant, on pouvait distinguer chaque not. Il savait tout faire.
J'ai compris que je devais en mettre un sacré coup. Tous les soirs,
après mon gig, je retournais au Golden Circle, quel que soit le
programme. A la fin du mois, Gérard me demanda si je voulais retourner
à Paris ou si je comptais rester. Je lui demandai l'argent du billet
retour. J'avais fait la connaissance de beaucoup de filles et je savais
où loger, pas besoin d'hôtel. Je vivais un moment avec une
fille et puis, quand j'en avais marre, j'en changeais. J'ai été
un moment avec la petite amie d´Albert Ayler - il était reparti
aux Etats-Unis. Elle se sentait seule et m´avait invité à
venir chez elle. J'avais connu Ayler et nous avions un petit peu sympathisé
mais il parlait trop. J'avais à cette époque beaucoup de
musiciens américaines: LEO WRIGHT, IDREES SULIEMAN et LOU BENNETT,
que j´avais connu à Paris. Un jour il était venu en
Suède sans guitariste. Je ne sais pas comment il a su que j'etais
à Stockholm, mais il m'a appelé pour me dire qu´il
avait du travail pour moi. Je travaillai avec lui au Golden Circle,
Leo Wright vint y jouer, je me joignis à son groupe et il m´offrit
un contrat pour une tournée avec son quintette, en Tchécoslovaquie
et à Berlin Est.
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Charlie Rouse, Thelonious Monk, Idrees Sulieman, Don Peterson et André en Scandinavie
1964. |
J'avais passé presque 2 ans à Stockholm, j'avais beaucoup travaillé
la guitare et j'apprenais la lecture musicale. Idrees m´a beaucoup
appris. Il tenait à ce que je sache lire la musique. Il m'a enseigna
beaucoup de morceaux de Charlie Parker - il joue de l'alto aussi bien
que de la trompette. J'ai eu un engagement de deux semaines au 'Golden
Circle' avec lui. En `64, je quittais Stockholm pour partir en tournée
avec Leo. Nous sommes allés en Tchécoslovaquie, avec KENNY
DREW, BENNY BAILEY, JIMMY WOODE et un batteur Allemand. A la fin de
la tournée, il me demanda quels étaient mes projets. Il
m'apprit qu´il allait ouvrir un nouveau club à Berlin Ouest,
dans quelques semaines, et me demanda si je voulais en être. J'ai
acceptai. Un mois plus tard, c´était l´ouverture
'Dug´s Night Club'. Nous étions le groupe maison et, parfois
d´autres musiciens venaient se joindre à nous. Je suis
resté six ans à Berlin, j'ai épousé une
Allemande - j'ai une fille - et j'y passe la plus grande partie de mon
temps; c'est là que je rencontre mes potes. Beaucoup de gens
croient que je viens des Etat-Unis, il y a tellement d'Américains
à Berlin Ouest que c'est un peu comme si vous étiez aux
Etat-Unis. J'ai vécu avec eux, parlé comme eux et ils
m´ont beaucoup marqué. C´était tout à
fait nouveau pour moi, ils étaient tellement ouverts. Leur manière
de parler l'anglais est à l'anglais ce que ma langue natale,
le créole, est au français. Aussi j'amais bien parler
américain, ça me paraissait naturel et plus direct. Je
me sentais chez moi avec ces gens; Blancs ou Noirs, j´étais
avec mon peuple. Il n'y avait jamais la moindre mesquinerie, le propriétaire
du club était sergent dans l´armée américaine,
c´était un dur, il s'appelait Dug. Il parlait très
grossièrement mais c´était un type charmant. Je
suis français des Iles et je n'aime pas qu´on me parle
comme ça, j'ai mis les choses au point et je lui ai dit de ne
pas me parler de cette manière. Il fut interloqué et demanda
“d'où vient ce nègre?”, on lui apprit que
j´était un 'geecher', donc pas un Américain. Il
a dit “oh, c'est bon” et depuis ce moment-là nous
avons eu de bons rapports. Je n´était pas tout à
fait au parfum et ils le comprenaient. Si j'avais été
américain, il m'aurait peut-être botté le cul, tu
vois ce que je veux dire ? J'ai rencontré tous les types qui
passaient par là et j'ai vraiment appris à les connaître.
THELONIOUS MONK, CHARLIE ROUSE, RON CARTER, tous les plus grands musiciens.
– Pourquoi es-tu revenu à Paris ?
– J'ai divorcé à Berlin et j'ai eu assez d'entendre
parler Allemand. Je retournai à la Guadeloupe, y restai près
de trois mois, puis j'allai à la Martinique où j'ai travaillé
pendant un an au 'Hotel Hilton'. Ensuite, je suis allé au Québec,
à Montréal, où je suis resté un an avant
de revenir à la Guadeloupe pour quatre ans. C'est là que
j´ai rencontré ma femme, elle travaillait dans un hôpital,
nous avons eu un enfant. Elle voulait retourner chez elle, à
Paris, pursuivre ses études, ontenir ses diplômes pour
avoir une meilleure situation. Elle me demanda si je voulais aller à
Paris avec elle, pour qu'elle ne sois pas toute seule. Je l'ai suivie
et nous sommes ici depuis quatre ans, mais je n'ai pas l´intention
d'y rester.
– Tu as fait un disque en leader, il y a près d´un an ...
– C´était en novembre, avec RICHARD RAUX, MICHEL
GRAILLIER, SYLVAIN MARC, TONY RABESON et JEAN-PIERRE COCO. Le producteur,
Henri Debs, est un vieil ami. Chaque année, il passe plus´eurs
mois à New York et il avait entendu la musique qui était
en train d'y devenir populaire, le funk. Aussi m´a-t-il demandé
d´écrire quelques morceaux dans ce style pour un disque.
Je n'en avais pas vraiment envie car je devinais quelle serait le réaction
des gens. Beaucoup pensent que, si vous êtes un jazzman, vous
n'avez pas à jouer d´autre musique et que vous devez vous
tenir au style qu´ils aiment. J'ai accepté, mais j'aimerais
maintenant enregistrer un disque où il y ait quelques standards.
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André Condouant: Dans la mouvance...
France Antilles, 6 Novembre 1986
Guitariste de jazz respecté par les Américaines, réputé
aussi en Europe, André Condouant est venu se 'ressourcer' en
Guadeloupe. Mais comme Miles Davis et Herbie Hancock, il n'a pas lâché
son dernier son. Vilain petit canard, d'une famille de fonctionnaires
qui ne souhaitait pas qu´il embrasse une carrière de
saltimbanque, André a commencé à gratter la guitare
à quatorze ans. Huit ans plus tard, le voilà à
Paris, pour les 'galèrés' et pour la gloire. “Des
mon jeune âge, je ne voulais pas que les gens prennent la musique
comme un amusement”, il dit, “je voulais qui´ils
l´écoutent”. Il debute sa carrière parisienne
à 'La Cigale', où il joue un an aux côtes d´AL
LIRVAT. Ensuite, il devient membre du trio du 'Crazy Horse Saloon'
que dirige le pianiste BART TAYLOR. Plus tard, A. Condouant joue au
sein du grand orchestre de BENNY BENNETT, qui est, dans les années
50, le plus populaire des orchestres latin de musique de danse installés
en France. Benny ayant promptement regagné les Etat-Unis pour
échapper au fisc auquel il doit '120 bâtons', pour assurer
'l´intendance', Condouant se multiplie au sein d'orchestres
cubains, antillais et des formations de... tango. Pour le plaisir,
il joue au 'Blue Note' avec le grand BUD POWELL. Ça le réconforte
des grincheux du métier qui lui affirment qu´il n'a rien
à faire dans le jazz.
“Après cette période, je suis parti en Scandinavie, et là mon rève
s'est réalisé. Pendant trois ans, j'ai joué des
concerts avec le Jamaican KEN HUNTER et avec LEO WRIGHT“. Ce n'est
pas étonnat: dans les années 50, ce nord de l´Europe
avait réservé un accueil délirant au 'Bird', Charlie
Parker et à sa formation. A la fin des années 60, Condouant
émigre en Allemagne de l´Ouest où, à partir
de Berlin, il rayonne sur toute l´Europe. En 1970, il regagne
les Antilles, et, pendant un an, il dirige l'orchestre de l'hôtel
Hilton à la Martinique. Au terme de cette période, chez
Henri Debs, il enregistre son premier album personnel, avec des éléments
du 'Modern Jazz Quartet'. André a participé à des
nombreux enregistrements, notamment comme guitariste de la chanteuse
ANNIE ROSS (sur disques reconnaissance des plus grands exégètes
du Jazz en France. Ce '33 tours' est un bon jalon, un repère,
car, le jazz étant improvisation, le disque de jazz e devrait
pas exister. Miles Davis, le trompettiste qui en a vendu le plus au
monde, déclare aussi que le disque est une aberration - mais
il ajoute qu´il n'a jamais enregistré que pour l'argent.
Pionnier du jazz-moderne avec Charlie Parker, pèrefondateur du
jazz-rock, Miles éprouve si bien... l'attitude du public vis-à-vis
de la musique, qu'après avoir repris des thèmes chantés
par Cyndi Lauper, il adopte aujourd´hui qualité de Prince
en compositeur. Sans s´êtres encore déclaré
'funky', Condouant suit depuis plusieurs années une démarche
similaire. Chez Disque Debs*1, il a réalisé
des arrangements pour Ibo Simon et enregistré avec lui tous les
arrangements et la direction d´orchestre du premier disque de
Simone Paulin*2, et il prépare
aussi un nouveau son avec le groupe Kafé-Ka-Lévé*3.
De nouveau avec Ibo, il prépare un album pour Haiti*4.
Mais sur le plan personnel, il rêve de monter un orchestre avec
lequel il réaliserait des choses aussi stupéfiantes que
l´avènement du guitariste Carlos Santana sur la scène
musicales.
*1chez Disque Celiny *2
*4 not published
*3 c'est faux |
André
Condouant: Il en “pince” pour la guitare !
source inconnu
Il est est bien difficile en cette période 'Zouk' de tenir le haut
de l'affiche quand on a voué toute sa vie au Jazz. A 52 ans,
André Condouant après avoir parcouru le monde et joué
avec les plus grands est revenu au pays. Les 'aficionados' qui se sont
déplacés pour l´écouter et le voir jouer
ont pu constater que sa réputation d'excellent guitariste n´était
pas surfaite. En effet, l'homme n'a rien perdu de sa dextérité.
Son sens aigu du 'phrasé' et de l´harmonie restent intacts.
Mais de tout cela les connaisseurs en étaient convaincus depuis
longtemps. Parallèlement André trainat une réputation
de musicien difficile au caractère ombrageux. De proche en proche
certains en ont conclu qu´il s'ennuyait, et s´étiolait
peut-être. Rassurez vous, ce grand du jazz n'a rien perdu de sa
verve. Quand vous lui parlez Jazz il vous répond philosophie:
“La musique est l'art qui approche le plus la perfection. Elle
n'a besoin d'aucun support matériel. L'espace est son seul cadre.
La sculpture restitue les volumes la peinture s'exprime grâce
aux surfaces. Alors qu´impalpable, la musique parvient cependant
à nous toucher au plus profond de notre Etre. C'est pour cela
que la bonne musique, la vraie, élève à la fois
le niveau de conscience et l´intellect de l'homme.”
Surprenant, non ? Et quand après ce détour quasi métaphysique
la conversation revient au Jazz. André s´insurge contre
ceux qui ne promettent qu'un bel enterrement à ce genre musical.
“Le jazz se rénove mais ne mourra jamais. Il est trop pur,
trop vrai. La réussite commerciale n´est pas synonyme de
plein épanouissement pour le vrai musicien”.
André Condouant affirme n'avoir pas épuisé tous
ses projets ni atteint la perfection dans son jeu. Il n'est ni blasé
ni saturé. Au contraire, le musicien de jazz qu´il est
se déclare ouvert à tous les genres. Ce qui ne l'empêche
pas de considérer le Zouk comme une mode. En revanche le guitariste
ouvre des yeux émerveillés lorsqu´il parle de la
musique des Pygmées. “Une polyphonie rythmique incroyable,
des sons et des mouvements qui m'ont remué l´âme”.
André aura à coeur de nous prouver que le jazz n'est pas
mort et que s´il lui restait un seul serviteur, il serait celui-là!
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